S’engager pour exister
Il y a peu, je lisais une étude intitulée « s’engager quand on est jeune »[1]. Cette étude a été menée auprès de jeunes belges âgés entre 15 et 19 ans. J’ai porté un vif intérêt à cet ouvrage car, comme on s’en aperçoit, l’engagement se diversifie. Il arbore de nouvelles formes.
De plus, les motivations des jeunes à s’engager semblent changer. La durée de l’engagement, la nature ou le cadre agissent à la fois comme des leviers ou des obstacles. Quand on sait que nos organisations de jeunesse reposent énormément sur l’implication des jeunes en tant que bénévoles de terrain ou de gestion, il y a de quoi se préoccuper !
« L’engagement, il a changé »
On le dit, on le répète : l’engagement a changé. Bien, mais concrètement qu’est-ce que cela implique ? L’étude met le doigt sur une distinction importante à réaliser : l’engagement formel et informel.
Le formel, c’est ce que nous proposons au Service Protestant de la Jeunesse. Un engagement dans une structure qui confie des responsabilités, dégage des moyens, offre une énergie de groupe, mais qui par la même occasion, place un cadre parfois rigide, transmet les valeurs d’une organisation, pas d’un individu. Et la question de l’individu est importante !
C’est d’ailleurs une des premières clés apportées par cette étude « Il faut pouvoir construire sa citoyenneté sur base de ses valeurs personnelles ». C’est là que l’engagement informel prend le pas sur le formel. C’est construire, parfois avec ses petits moyens, un projet qui répond aux problèmes identifiés dans son écosystème.
Les formes d’engagement dites “informelles” sont le fruit d’initiatives personnelles et souvent spontanées. Elles sont motivées par des prises de position fortes, des opinions qui se forment souvent en réaction avec les thèmes d’actualité ou/et par des évènements qui touchent les jeunes plus directement dans leur quotidien.
L’engagement comme élément de la construction de l’identité
L’approche individuelle ne doit pas être confondue avec individualiste. Dans tous les cas, l’engagement est tourné vers les autres. Cependant, les jeunes interrogés dans le cadre de cette étude, considèrent l’accomplissement personnel et le développement de nouvelles compétences comme sources premières de motivation. La question des droits et devoirs du citoyen, que nous aimons porter en tant que travailleurs jeunesse, est secondaire. L’engagement est d’abord un élément de la construction de l’identité. « Leur engagement valide et reconnaît leur individualité, leur donne un sens et un but ».
Rassurez-vous, rien n’est à déplorer ! L’engagement change, mais les jeunes ne s’en désintéressent pas pour autant. Ils cherchent d’autres manières d’être en phase avec leurs valeurs personnelles et leurs besoins d’accomplissement.
À nous d’utiliser les solutions qu’ils nous livrent pour déformaliser nos fonctionnements !
Mathias Boutet